Aujourd'hui, ou la fin d'un monde

 
Maintenant que le 21 décembre 2012 est passé, ainsi que, je l'espère sans y croire vraiment, la mode des films de fin du monde, on a tous eu l'occasion de se demander ce qu'on ferait si on "savait", en se réveillant, que c'était la dernière fois. Serait-ce passer du temps en famille, dans une orgie monumentale, dans un bunker entourés de 500 boîtes de lentilles et autant de bouteilles d'eau minérale, au pied d'un garage à OVNIs/piège à journalistes, ou une autre idée encore plus lumineuse ? Qu'on soit d'accord tout de suite, aucune de ces réponses n'est la bonne (parce qu'on sait tous que ce qu'il fallait faire c'est s'envoler paranormalement vers la Quatrième Dimension).

Mais bref, quittons Bugarach et Germignac et partons plutôt pour Dakar. C'est là que se passe Aujourd'hui, film du franco-sénégalais Alain Gomis qui se pose cette même question. Sauf qu'il n'est pas Roland Emmerich (pour les incultes qui ont la chance de ne pas connaître : Independence Day, Le Jour d'après et 2012) et qu'il n'a donc pas à cacher une absence d'idées par des incohérences et des effets spéciaux. Du coup Aujourd'hui, c'est l'histoire de Satché (joué par Saul Williams, qui n'a pas seulement la classe en sandale mais fait aussi de la très bonne musique et de la très belle poésie), jeune sénégalais qui se réveille un matin en sachant qu'il va mourir à la fin de la journée. Il le sait, sa famille le sait, son quartier le sait, et c'est comme ça, il n'y a rien à y faire. Il y a bien des pleurs et des cris de douleur mais Satché, de la même façon qu'il ne peut rien faire contre sa mort, ne peut que se laisser entraîner par ses pas. Le film montre donc sa journée d'errance dans la ville, commençant avec sa mère et s'achevant avec ses enfants, en passant par des amis, une ancienne conquête et de parfaits inconnus qui parlent de danse, de sapologie et de revendications sociales. Et comme le personnage principal, on se laisse emmener sans résister et quand arrive la fin on aimerait que ça ne soit pas terminé. Mais est-ce que le voyage aurait eu la même valeur s'il avait duré plus d'une journée ?


Le tout contient évidemment une grosse réflexion philosophique/métaphysique mais sans jamais en devenir lourd, en partie grâce à des superbes images qui parviennent à ne pas tomber dans la piètre imitation de Terrence Malick (La Ligne Rouge, The Tree of Life) comme c'est souvent le cas avec ce genre de thèmes. Bon, évidemment, c'est pas non plus léger et pétillant comme de la Badoit (ou un film de Michael Bay) mais ça reste un film qui donne envie de vivre.
Bah oui parce que c'est pas parce que Nostradamus s'est planté sur ce coup là qu'on va pas tous crever un jour ou l'autre. Donc même si pour la plupart d'entre nous, "aujourd'hui" n'est pas synonyme de "le temps qu'il me reste à vivre", on pourrait forcément tous trouver un titre au film du compte à rebours de nos vies. Et vous, de quoi voulez que votre film soit fait ? D'amour ou de vidéos d'un coréen qui danse ? Faites le bon choix. Vivez.













Nan mais on s'calme tout de suite, je plaisante hein. Arrêtez tout de suite d'essayer de vivre, restez sur vos ordis, on a besoin de vues sur nos articles nous.

Nathan Fredouelle

P.S. : j'écris des conneries mais le film n'en est pas moins superbe hein. Allez le voir, pour le coup.

Aujourd'hui, d'Alain Gomis
Avec Saul Williams, Anisia Uzeyman, Aïssa Maïga, Thierno Ndiaye Doss
Sortie le 9 janvier 2013

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