J’adore les films britanniques à dimension sociale, qui parlent de préadolescents subitement plongés dans le monde des grands. Comme This is England et Neds, Broken est un de ces films. Le réalisateur, Rufus Norris, est, parait-il un fatboy dans la mise en scène théâtrale. Jamais entendu parlé, mais voilà son premier long-métrage, présenté en ouverture du Festival de Cannes, qui met en scène un microcosme social middle-class où déviances et drames intimes s’entremêlent. Un film choral qui montre les vies croisées d’un quartier. Au programme : mort, folie, alcoolisme, maladie mentale et dislocation familiale…
Skunk (Eloïse Laurence) est une gamine, un peu garçon-manqué et goguenard. Elle a 12 ans et avec son sourire mièvre, j’ai envie de la claquer. Un jour, elle dit coucou à Rick et Rick se fait putain de tabasser sous ses yeux. A partir de ce moment, c’est l’effet boule de neige. Avalanche, même. Elle se prend le monde adulte en plein dans la gueule. Le masque de la réalité tombe. Entre violence gratuite, rupture sentimentale et fellation, on assiste à ce fameux moment, où la candeur fout le camp.
La petite meuf devient attachante, avec son optimisme et sa lucidité. En fait, je la claquerais plus du tout. Son sourire m’émeut. Son premier amour et ses bisous sous condition, « sans la langue », sont mis en parallèle avec la dureté du monde adulte filmée sans détour. Ainsi s’alternent les passages tantôt difficiles, tantôt d’un humour enfantin. Le rythme est parfait. L’élément déclencheur arrive dès le début du film : un père psychopathe et un emballage de capote. Vous avez compris. S’ensuit une mère désarmée face au mutisme de son fils, un couple sapé par une peur de l’engagement et un divorcé qui élève seul ses enfants. Bien construite, la narration fait qu’on voit les choses de l’extérieur, puis de l’intérieur. Comme un œil omniprésent (non, pas Mister Secret). C’est un de ces films qui montent en puissance.
Et pourtant, ce film ne restera pas dans les annales. Le trop-plein de pathos, sans doute. Tout le monde chiale, crie, est prostré, à l’agonie, le sang gicle et blablabla. On va au cinéma, tranquille, on nous bourre de violence et de bons sentiments en même temps. Du coup, on ressort avec une impression de too much. Dommage. Un bon film en demi-teinte. Ah oui, et Tim Roth version papa gâteau, mais fringué exactement pareil que dans Lie To Me, c’est bizarre, mais adorable quand même.
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