Confessions d'un enfant ou l'indigestion du siècle

  Jusqu'à quel point est-ce qu'un film doit projeter les émotions de ses personnages sur le spectateur ? Est-ce qu'avoir vu La vita è bella nous traumatise autant que la perte d'un père dans un camp de concentration ? Est-ce qu'on se sent véritablement libre en regardant Into the Wild, mais calé derrière son ordi dans 9m2 ? Est-ce que Confessions d'un enfant du siècle nous fais bien ressentir cette fameuse maladie du siècle, cet ennui royal, dont Octave se dit affligé ? Pour aujourd'hui, les questionnements métaphysiques attendront et je me contenterais de répondre à cette dernière question.

Tout d'abord, Octave c'est ce gosse de riche qui passe son temps dans les versions XIXème siècle de nos Skins Party modernes. Ça boit, ça fume, ça baise, en somme ça va bien à Pete Doherty qui est sans surprise convaincant en mec qui ne sert pas à grand chose. Sauf que tout ça c'est bien joli mais parfois, Octave se pose des questions sur sa vie, comme la fois où il se rend compte que sa maîtresse est aussi celle d'un pote à lui. Dans ces moments là il décide donc de se retirer de sa vie de débauche et de communier avec la nature, ce qui permet à Doherty de montrer à quel point il est bon pour marcher nonchalamment avec une canne et à Octave de rencontrer Brigitte (Charlotte Gainsbourg) autour d'un bébé chèvre (oui, vraiment). Le temps passe donc calmement et puis quelque chose d'autre lui arrive et il se rend compte que pécho de la bourgeoise dans un château, c'est plus drôle qu'une promenade dans les champs. Et puis après finalement nan, il change d'avis. Mais où qu'il soit, Octave se fait chier. Et à aucun moment il ne pense à travailler pour meubler ses journées. Pauvre riche.
Du coup il s'occupe en ayant une relation torturée avec Charlotte Gainsbourg dont je ne raconterais pas la fin, non pas parce que ça gâcherait l'histoire, mais parce que je ne l'ai pas vue. Je sais, je sais, c'est tout à fait anti-cinéphile, tout ça. Mais pour ma défense c'est vraiment très rare que je quitte une salle de cinéma. Ce qui nous amène à la réponse à la question que j'ai posée en introduction : oui, comme Octave, le spectateur se fait totalement chier durant ces fameuses "Confessions".

Se suicider, pourquoi pas, mais avec nonchalance.


Et pourtant, des films sans le moindre événement marquant, où concrètement il ne se passe rien, mais qui n'en sont pas moins bons, voire très bons, ça existe. Pourquoi tant d'ennui alors ? Doherty, qui n'essaie même pas de cacher que le rôle ne l'intéresse que pour renforcer son image de pseudo dandy apathique. L'image, pâle, floue, pastel, plate en fait. Charlotte Gainsbourg pas du tout convaincue de ce qu'elle fait là. Et tout ça, pendant plus de deux heures. Vaccinez-vous contre la maladie du siècle, ne vous infligez pas ça.

Nathan Fredouelle

Confession d'un enfant du siècle, de Sylvie Verheyde
Avec Charlotte Gainsbourg, Peter Doherty
Sortie le 29 août 2012


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