Le mariage gay en France ? Le gouvernement
dit oui, la population française dit oui, même si elle reste assez mitigée. Mais
qui dit mariage dit maire, or certains maires refusent catégoriquement de
célébrer l’union de deux êtres du même sexe, quoi qu’en dise le gouvernement.
Des élus de la République qui se désolidarisent de sa législation ?
Souvenez-vous,
Hollande nous a promis le mariage gay pour printemps 2013. La porte-parole du
gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a même ajouté qu’ils n’iront « pas au-delà du
printemps 2013 pour que ce projet de loi soit adopté ». Mais pourquoi
repousser cette réforme au printemps ? Nous sommes déjà loin derrière nos
voisins néerlandais, belges et espagnols qui ont légalisé le mariage gay au
début des années 2000. Mais ne soyons pas de mauvaise foi et félicitons
le gouvernement actuel qui a enfin pris conscience du retard
français. Une enquête de l’ifop a
montré que 65% des français sont favorables au mariage homosexuel, quoi qu’en
disent les 75 manifestations qui se sont déroulées le 23 octobre de part et
d’autres de la France. On retiendra avec émotion les mamies et les papis sous
l’arche de la Défense qui dénonçaient le mariage gay tout en dansant sur Queen
et en applaudissant le rigolo en combinaison lycra qui faisait battre ses ailes
de papillon pour promouvoir la parité. Hormis ces extrémistes excentriques, il
semble que le gouvernement et une bonne partie de la société souhaitent parler sérieusement du mariage
gay, et qui plus est, de l’adoption pour les couples gay. Un débat va s’ouvrir
dans quelques jours, et on peut espérer qu’il aboutisse à un vrai projet de
loi. La promesse de notre Président a donc une bonne chance de se réaliser.
Ou pas. Explications : Street Press, ce site d’informations qui
récolte les pépites en faisant le micro-trottoir, est allé faire un tour chez
les députés-maires d’Ile de France. Question fatidique pour les
élus : si (ou plutôt quand) la loi sera entérinée, « allez-vous
célébrer des mariages homosexuels dans votre mairie ? ». Et là, on
passe de surprise en surprise. Toutes les galipettes sont bonnes pour ne par
répondre honnêtement à la question. D’autres sont très francs, comme Philippe
Gosselin, député-maire UMP à la Manche qui fermement statue:
« non. ». Jean-Christophe Fromantin, député-maire UMP des
Hauts-de-Seine, déclare avec un ton enjoué et fier : « Moi je garde
ma liberté de conscience, voyez ». Plus les maires défilent, et plus les
réponses frôlent l’homophobie et les blagues de mauvais goût : le député-maire
des Yvelines Jacques Myard, UMP toujours, s’emporte et s’écrit que « ça
n’a aucun sens. Il faut avoir de la semoule dans la tête pour être à ce degré
d’absurdité ».
Christian Estrosi, député maire UMP de Nice, n'est pas emballé mais appliquerait quand même la loi si elle est votée. |
Après avoir vu cette vidéo, on ressent comme un malaise. Des maires qui se détachent de la législation française et prétendent pouvoir agir d’après leurs convictions personnelles ? « C’est une question qui n’a pas de sens, un élu de la République applique les lois de la République », comme le dit Franck Reynier, député-maire UMP de la Drôme. En effet, nous sommes d’accord. Heureusement, la garde des Sceaux Christiana Taubira les rappelle à l’ordre dans une interview à La Croix : la « liberté de conscience », comme le dit si bien Jean-Christophe Fromantin, n’a aucun rôle à jouer dans leur fonction d’élu. Un élu de la République est chargé de respecter le code civil.
Alors vont-ils persister dans leur refus d’ici printemps 2013 ? Si
oui, reste à savoir si le gouvernement leur laissera le temps de démissionner
par eux-mêmes ou s’ils seront destitués avant.
Julie Freudenreich
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