Le top 3 de la politique à l'âge de pierre


Le monde avance, le monde avance, mais certains pays ont bien décidé de ne pas bouger, eux. Voilà un petit palmarès des mesures politiques les moins avant-gardistes et les plus dignes d’un retour à l’âge de pierre dont on entend parler cette semaine dans la presse. Joie.






NUMERO 3 : Une sentence humiliante pour un petit délit
Shena Hardin, une femme américaine de Cleveland dans l’Ohio qui a roulé sur le trottoir pour dépasser un bus scolaire, s’est vue imposer par une juge la sentence suivante: la vilaine femme devra se tenir pendant quelques heures dans le froid sur les lieux de son crime, et brandir un panneau blanc sur lequel son méfait sera inscrit en « capital letters », comme l’a bien précisé la juge. Le tribunal lui a dicté la fameuse phrase : « Only an idiot would drive on the sidewalk to avoid a school bus » (« Seule une idiote roule sur le trottoir pour dépasser un bus scolaire »). Cette femme a passé une bonne journée, comme vous pouvez l’imaginer : photos, autographes, rires, moqueries des écoliers et bien sûr la presse, tous se sont rués autour d’elle pour admirer la bête de foire.
Oyé oyé mes braves, quelle mesure progressiste ! Basée sur la honte, sur l’humiliation, cette condamnation a un vague arrière goût post seconde guerre mondiale, je pense aux femmes tondues qu’on a punies pour avoir collaboré ou avoir entretenu des rapports avec des soldats allemands. Evidemment, les deux situations ne sont pas comparables, mais la visée humiliante est la même. Peut-on vraiment, dans nos sociétés actuelles, avoir encore recours à de telles polices ?




NUMERO 2 : Etre homosexuel en Ouganda: ça devient tendu
La médaille d’argent est attribuée à l’Ouganda pour son projet de loi contre l’homosexualité. Introduit en 2009 déjà, il avait dû être retiré après la réaction de la population, mais surtout après celle de la Grande-Bretagne et du Canada qui menaçaient de supprimer leur aide financière au pays. L’argent, ça fait réfléchir. Mais cette année, le projet de loi fait son grand retour comme l’a annoncé le gouvernement ce 12 novembre. De quoi s’agit-il ? Il faut savoir déjà que la sodomie est passible de 14 ans de prison en Ouganda. Le texte, lui, ajoute l’infraction de l’ « homosexualité aggravée » qui consiste en la récidive de ce vice sexuel ou l’implication d’une personne représentant l’autorité, atteinte du virus du sida ou toxicomane. Pour ces méfaits, c’est la peine de mort. Il y a aussi l’infraction d’ « homosexualité simple » qui vise les personnes qui ont des rapports sexuels ou qui vivent une relation amoureuse. Là ils sont gentils, ça n’est que la prison à vie. Et cette fois ci, pas moyen de faire reculer le gouvernement. La présidente du Parlement, Rebecca Kadaga, est bien décidé à faire passer la loi, et si possible avant la fin de l’année 2012, comme «cadeau de noël » (les mots de religieux catholiques pendant une réunion d’information).
Non seulement l’Ouganda va dans le sens inverse de la marche, mais la communauté internationale ne réagit même plus : vous en avez entendu parler, vous, de cette loi ?...




NUMERO 1 : L'Irlande et l'avortement: c'est pas pour tout de suite!
Et la palme d’or revient à l’Irlande, à laquelle il faut un décès pour relancer le débat sur l’avortement. Le 21 octobre, Savita Halappanavar se présente à l’hôpital pour demander aux médecins de mettre fin à sa grossesse de 17 semaines. Ils constatent la fausse couche mais refusent l’interruption médicale de grossesse, sous prétexte que l’Irlande est un « pays catholique » dans lequel l’avortement est prohibé tant que le fœtus est encore en vie. CERTES. Trois jours durant, cette femme indienne se plie de douleurs et se présente à de nombreuses reprises à l’hôpital. Toujours rien. Deux jours plus tard, alors que les médecins attendaient la mort de fœtus pour pouvoir l’opérer, elle meurt d’une septicémie. Euh... BONJOUR ? La gauche irlandaise se bat évidemment maintenant pour que le gouvernement adopte AU MOINS une loi légalisant l’interruption de grossesse dans le cas où la vie de la mère est en jeu. Car suite à une décision de la Cour suprême en 1992, l’avortement est autorisé si la vie de la mère est en danger, mais aucune loi n’a été votée depuis pour faire appliquer la décision.
Un pays européen où le flou juridique règne, où la législation n’évolue pas d’un pouce, même si la Cour européenne des droits de l’homme lui a fortement recommandé de se réveiller.


Un peu perdue, l'Irlande, non?


La conclusion dans tout ça? On peut se dire que ça aurait pu être pire. Enfin j'sais pas. Enfin pt'être.


Julie Freudenreich

1 commentaires:

  1. Tes réflexions sont pertinentes et intéressantes - il est vrai que ces défauts de loi sont peu connus et il est facile de prendre le bon fonctionnement de la loi française à la légère. Ce qui m'a choqué c'est que avant que tu ne mentionnes dans ton n°3 le cas des femmes tondues, il ne me semblait pas si mal que ça de punir les gens en les humiliant.
    Je trouve ta manière d'écrire très entraînante et bien au point. C'est facile et plaisant à lire ainsi qu'informatif. J'attends avec impatience tes futurs articles! Bon courage!

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