Rengaine ou le regain d'espoir du cinéma français

Un Noir et un Blanc qui malgré les différences sociales arrivent à vivre en harmonie. La beauté pittoresque de nos régions. La France, un pays qui a du cœur. Des films qui renoncent à tout réel contenu et ne sont qu'une suite de gags réchauffés et de bons sentiments où le casting représente souvent ¾ du budget. On va me rétorquer à coup de petites statuettes rapportées par le grand Chouchou des français, pour un film si innovant et drôle. Mouais. Le fait est que si on oublie ces récompenses attribuées plus à un bon lobbyiste qu'à un bon film, on ne peut pas dire que le cinéma français de ces dernières années se porte très bien.

Mais ne désespérons pas. Tandis que certains construisent des "Cités du cinéma", d'autres construisent des Films. Parmi ces vrais amoureux du cinéma, il y a Rachid Djaïdani. Son film il en parle comme d'un combat ou d'un parcours initiatique. Réalisé sur une durée de 9 ans, sans financement, Rengaine n'avait franchement pas beaucoup d'atouts en main au départ. Et pourtant Djaïdani s'en tire, il fini son film, qui est sélectionné à la Quinzaine à Cannes et trouve naturellement un distributeur.


Niveau contenu, le film s'en sors de la même façon. Du pitch aussi vu et revu qu'est une transposition contemporaine de Roméo et Juliette, du terrain aussi glissant (surtout vers la platitude, de nos jours) qu'est le racisme, émerge un film qui arrive à éviter tous les clichés qui auraient pu le rendre insupportable. Rengaine conte l'histoire de Dorcy et Sabrina, qui s'aiment et veulent se marier. Problème, lui est Noir et elle Arabe, dotée en plus de 40 frères, dont un, Slimane, qui va tout faire pour empêcher le mariage. Rachid Djaïdani (de père algérien et de mère soudanaise) raconte ce qui le tient à cœur, ce qu'il vit. Ses acteurs sont quasiment tous amateurs, tous ses amis. En ressort un film d'une vérité, d'une réalité rarement atteinte. Une histoire d'amour, certes, mais également le portrait de tout un pan de société. Dans la forme aussi on retrouve cette attache à la réalité. Loin de l'uniformisation HD/plans sans bavures qui a conquis l'industrie, Rengaine est fait d'images DV, de caméra portée, de gros plans sur des visages. Des plans pleins de vérité donc mais aussi d'émotions, de sentiments. Car ce film conte bien une histoire d'amour. Entre Sabrina et Dorcy et entre Rachid et le cinéma.
  
Nathan Fredouelle

Rengaine, de Rachid Djaïdani
Avec Slimane Dazi, Sabrina Hamida, Stephane Soo Mongo
Sortie le 14 novembre 2012

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